• Marcher avec elle. La nuit et sous la pluie. Vincennes à Nation environ 30/40 minutes. Marcher avec elle. Dans les flaques. Mes semelles prennent l'eau. Adidas galaxy se noie comme le chagrin dans l'alcool. Mon manteau a été volé la semaine dernière. Alors mon pull humide colle à mon sweat, colle à mon T.shirt, colle à ma peau. Nous discutons. Je parle beaucoup, elle ne parle pas autant que je souhaiterai. Elle écoute beaucoup, je n'écoute pas autant que je le souhaiterai. Marcher avec elle. Le long de ses grandes avenues. Il n'est pas très tard mais nous préférons marcher. Nous détestons attendre le bus, en fumant une cigarette, en espérant à chaque taffe qu'il arrive plus vite. Le chemin est monotone. Nous avançons tout droit et je ne veux pas franchir la ligne d'arrivée. J'aime lui raconter. En regardant mes chaussure, en regardant le trottoir, j'aime la sentir à coté de moi. J'aime sentir ses sourires. J'ai besoin de chaleur, ils me réchauffent. Février se moquait de moi. De mes basket trouées. De mes doigts de pieds moisis et de mes chaussettes, comme des serpillières. Il y a des moments où c'est la galère, mais c'est pas la galère. C'était bien. Je veux continuer avec elle. Je ne veux pas la laisser en bas de son bâtiment. Je ne veux pas lui faire la bise. Je ne veux pas rentrer chez moi. Je ne veux pas regarder mes pieds. Je ne veux pas fumer une dernière clope, à ma fenêtre. Je ne veux pas regarder la lumière allumée de l'immeuble d'en face. Je ne veux pas aller me coucher. Je ne veux pas me branler. Je ne veux pas penser à une autre fille. Je ne veux pas dormir. Je ne veux pas rêver.


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  • Je ne savais pas comment faire. Allongé sur le lit. Ma tête tourne. Mon estomac aussi. Je sens la dernière gorgée de rhum coincée au fond de ma bouche. Mon corps est plein. J'attends. La lumière allumée et les yeux ouverts. J'attends le moment où je vais devoir me lever précipitamment et courir jusqu'aux chiottes pour dégueuler. Je ne savais pas comment faire. Elle entre dans la chambre. " Tu m'as pris ma place, j'avais réservé ce lit. Il est trois heures du matin et je suis fatigué ". Je réponds par une onomatopée à peine compréhensible. AAAAARGH. Je fais semblant de ne pas entendre, me pousse vers le bord et me tourne lamentablement vers l'intérieur du lit. Elle s'allonge. Je ne savais pas comment faire. Je la regarde. Elle sourit quand elle rêve. Elle ouvre les yeux. Je ne savais pas comment faire. Elle arrive vers vingt trois heures. Je lui parle à peine. J'étais déjà saoul à vingt trois heures. Je ne savais pas comment faire. "Si ça ne marche pas, Je mets ça sur le compte de l'alcool. Il faut que je tente ma chance". Je n'en ai jamais eu beaucoup. Je ne savais pas comment faire. J'avance ma main discrètement sous le drap. Je frôle la sienne. Elle ne bouge pas. Elle s'est rendormi. Ses yeux sont fermés et son sourire est toujours accroché à ses lèvres. J'effleure son ventre. Elle se rapproche un peu. Je glisse le long de ses hanches et lui caresse le dos. Elle attrape mon bras puis mon épaule. Ses yeux sont ouverts, puis ils se referment. Je n'ai jamais cessé de la regarder. Pendant toute la durée de ce moment. Alors que les heures se sont arrêtées. Je n'ai jamais cessé de la regarder. Depuis qu'elle est arrivée. Elle n'a sûrement rien remarqué. Je ne savais pas comment faire. Je me décide à l'embrasser. Je caresse sa joue puis ses cheveux. Je ne comprends pas. Je commence à décuver, mais mon corps est lourd. Je ne sais pas ce que je cherche. Sûrement un peu de tendresse. Un peu de douceur. Elle me fait du bien. Juste un câlin. Juste du bien. Comme une pink cigarette. Je respire. Je pars. Comme sur un nuage, je flotte. Comme en pleine mer. Je coule. Désormais, je me laisse emporter, pas comme le vent, parce que c'est vraiment nian nian. Je retire mon T.shirt et lorsqu'elle passe ses mains sur mon torse... Je la serre très fort contre moi, comme pour ne pas la laisser partir. Je pourrais lui briser les os tant je veux sentir sa peau contre la mienne. Je ne veux pas lui parler. J'ai peur de tout gâcher. Je ne veux pas savoir. Je me laisse porter par cette agréable sensation de bonheur insouciant. Je réfléchirai demain. Peut être pas. Demain c'est loin quand le temps s'arrête.

    Elle est à moi depuis ce jour. Je pèse des tonnes depuis qu'elle s'ennuie. J'ai peur et je deviens dangereux depuis que j'ai peur. Elle ne me quittera pas. J'emprisonnerai ses chevilles dans du béton. Mais je ne la laisserai pas s'envoler. Je ne supporterai pas de ne pas la voir. Je ne supporterai pas de la voir avec un autre. Je veux l'entendre dire qu'elle m'aime. Je veux sentir son souffle dans mon cou, pendant mes nuits d'insomnie et je veux sentir ses bras autour de ma taille. Je veux qu'elle me regarde encore comme son héros. Je veux...

    Je me relève de ma chute lamentable. Je voudrais ressembler à Stalone dans Rocky et me relever au dernier round, mais le zero persiste.

    Allongé la tête posée sur ses cuisses, je la regarde malgré les U.V. qui me brûle la rétine. Je ne dois pas être très sexy avec les yeux plissés et le visage crispés. Elle rayonne dans le contre jour. Je ne peux pas fermer les yeux. Je veux l'admirer dans ce décor clair, un peu superficiel. Nous avons marché sur les chemins roses bitumés du bois de Vincennes. L'herbe est verte et le ciel est bleu. Elle porte une robe rouge, qui contraste dans ce tableau. Je suis très sentimental quand les oiseaux chantent. Trouver un coin tranquille. Quand le ciel est bleu, les parcs parisiens sont pleins. S'asseoir sous un marronnier et profiter des cris des enfants qui jouent au foot. Je remercie le printemps de pouvoir poser ma nuque sur ses jambes nues. Elle ressemble à une actrice de cinéma, un peu comme Winona Ryder. Ses yeux fixe droit devant elle. Dans le vide. Elle a l'air ailleurs.

    Elle piétine les fleurs que j'ai semées devant elle. Elle n'accepte pas mes présents. Et quand elle dit non, c'est non. Elle ne veut rien écouter. Elle monte le son de son walkman. Je peux presque comprendre les paroles. Mes mots sont moins intéressant que ceux de son idole. Je ne suis plus sa star. Elle boit ses mots sans se soucier du mal qu'elle me fait quand elle ne me regarde pas. Moi aussi je veux écrire : "Je suis venu te dire que je m'en vais... ".

    La température ne doit pas excéder zero degré Celsius, il fait froid. Je rentre dans la chambre. Elle n'a pas bougé. Le dessin sur elle s'agrandit. Son nombril est toujours aussi joli. Je soulève délicatement ses doigts de son ventre. Je serre ses petites phalanges gelés entre mes paumes et repose sa main le long de son corps étendue. Je la borde. Je m'assoie par terre, dos au mur, face lit.

    Je crois que j'ai envie de pleurer

    Mais les garçons ne pleurent pas

    Je n'ai aucune raison de pleurer

    Et ceux qui pleurent, ne pissent pas

    J'ai pleuré

    En regardant une rediffusion de Friends

    En l'écoutant s'étonner

    En sentant sa respiration accélérée

    En la goûtant

    Elle ne s'inquiète pas

    Je n'ai rien touché

    Même pas le bonheur

    Même pas du bout des doigts


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  • J'aime bien la regarder quand elle dort. Ses yeux à demi clos. Ses paupières qui s'agitent encore un peu, sûrement à cause de rêves, où je ne suis pas là pour la défendre. Ses longs cils qui tombent sereinement, plongée dans un sommeil apaisé.

    Comment j'en suis arrivé là ? J'en sais rien. Comment elle est arrivée là...

    11 septembre 1991, premier jour en sixième. Elle est assise au premier rang. Elle est brune et je ne vois que ses cheveux parfaitement coiffés. Je regarde ses mollets et ses petites socquettes vertes. Je suis installé juste derrière elle et je tuerai pour garder le deuxième rang toute l'année. Tous les garçons de la 6B regardent la même chose.

    Elle, ne regarde personne.

    Des grosses mouches volent sous la lumière blanche des néons. Leur bourdonnement m'endort. Je garde les yeux ouverts, mais plus personne n'existe.

    Assis dans la cour, nous discutons. Adossé aux grilles, nos Eastpack posés à coté de nous. Je lui tiens la main. Elle me regarde avec tendresse, et fait semblant d'être intéressé. Je lui parle de la dictée et des questions de grammaire ou du contrôle de maths. Je lui annonce que je vais me mettre au piano. Je lui ai écrit un poème que je ne veux pas lui lire. Déposer une fleur dans ses cheveux. Aller dans le photomaton de la gare, assise sur mes genoux...

    Quelqu'un m'appelle; le cri et la répétition de mon prénom me ramène doucement à la réalité.

    " présent ! "

    Je sors difficilement de mes rêves. Un cahier de correspondance et un emploi du temps sont posés sur ma table. Toute la classe m'observe. Elle m'observe. Je rougis.

    Elle, répond promptement à l'appel de son nom.

    La cloche sonne et me réveille définitivement. Je regarde son bermuda en jean s'éloigner vers la sortie.

    Elle ne me parlait pas beaucoup, elle préférait les quatorze-quinze ans, parce qu'une fille c'est plus mature. Elle m'empruntait mes cours et mes exos de temps en temps. La moindre de ses absences me rendait encore plus malade qu'elle ne devait l'être. Je l'ai vraiment trouvé débile lorsqu'elle s'est mise à fumer, mais je n'ai rien dit, je voulais rester cool.

    Fumer nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage

    La fumée contient du benzène, des nitrosamines, du formaldéhyde et du cyanure d'hydrogène

    Fumer peut diminuer l'afflux sanguin et provoque l'impuissance

    Fumer tue


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  • Il la regarde partir.

    Il n'y a plus rien à dire. Il voulait lui parler, mais il n'a rien dit. Ses lèvres sont restées closes. L'état dans lequel elle le met, le rend incontrôlable. Sa bouche aurait balbutié quelques syllabes inaudibles. Elle aurait difficilement comparé ceci à des mots, puis il serait retourné six pieds sous terre, plus ridicule que jamais. Il n'aurait pas réussi à creuser un trou assez profond pour ne pas entendre ses rires.

    "Si seulement elle savait. Si seulement je lui parlais".

    Il est un "si seulement", quelqu'un qui vit pour ses regrets, qui chiale sa mère parce qu'il est seul, mais qui ne fait rien pour sortir de sa merde. Un épouvantail tout juste bon à effrayer les moineaux. Il ne s'effraie plus lui-même. Il ne peut s'empêcher de prendre un stylo et d'écrire sur le mur de sa chambre : "UN JOUR PEUT-ETRE."


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  • Les fées ont virevolté - autour de mon berceau -elles n'ont fait que parler - dire que je serai le plus beau - fatale réalité - me faire tomber de haut - elles ont dû se tromper- je ne suis pas ce héros - pourtant j'aurai encaissé - endossé le numéro - tes parents m'auraient même apprécié - poli, jamais un mot de trop - le paradis, j'y ai pas touché - je donne ma croix, mes clous, mon marteau - j'ai dû me tromper - je ne suis ce héros - A force d'imaginer - on se brûle, le soleil est trop chaud - crois-moi j'aurai même supporté - tous les couteaux dans mon dos - cela sans jamais pleurer - pour çà, je suis trop accroc - tout le monde a dû se tromper - je ne suis pas ce héros


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