• Ils se sont réveillés samedi matin, dans les bras l'un de l'autre.
    MENSONGE. Elle dormait sur le coté. Il ne voyait que son dos. Il attrape son téléphone pour regarder l'heure. 6H00. Il n'a pas beaucoup dormi. Il n'est pas fatigué. Il n'a pas envie de dormir. La chaleur moite du mois de juin, l'empêche de rêver. Sa peau colle à la couette.
    Il transpire. Il se découvre un peu, laissant apparaitre son maigre torse. Il passe sa tête au dessus de son épaule, pour la regarder dormir.
    Il se ralonge, croise les doigts derrière sa tête et attends. 8H00. Elle ouvre enfin les yeux. Elle ne le regarde pas tout de suite. Elle se frotte un peu les paupières, pour les décoller. Elle
    ne sourit pas. Elle a le regard ailleurs. Peut être vont ils vers un
    autre. Déçu, il fait semblant de dormir et se retourne sur le flanc.
    Une seule phrase: "parfois la vie n'est pas une chienne"
    Il craque.
    Change de sens en souriant. Il veut la serrer dans ses bras. Il craque toujours le premier. Peut être n'a t'elle pas besoin d'affection ? Peut être n'aime t'elle pas la chaleur de ses bras ? Peut être qu'il pue, après avoir sué toute la nuit ?

    [...]

    Ils se lèvent enfin. Il la regarde enfiler sa culotte. Il aime regarder ses fesses sortir du lit. Il aime la regarder s'habiller.
    Il se dirige vers la cuisine et comme s'il était chez lui, il met de l'eau dans la casserole, la casserole sur les plaques électriques et commence à préparer du café. Elle sort de la salle de bain. Les cheveux en vrac, les yeux encore un peu rouge du sommeil. Un rayon de soleil s'échappe de la fenêtre pour venir découper son visage et l'éblouir. Elle fronce les sourcil et laisse apparaitre sa petite ride du soucis, sur son front. Elle attrape son paquet et allume une cigarette. Ce matin, il ne fera aucune réflexion. Il ne sera pas chiant. Il ne dira pas que fumer tue, qu'elle devrait fumer moins, qu'elle devrait attendre un peu. Il
    lui demande gentiment s'il peut lui en voler une. Elle ne répond pas et lui tends le paquet. Il sent la fumée envahir sa bouche pâteuse. Elle ouvre le congélateur. Sort une baguette. La place dans le micro-onde. 5 min. DING !
    Elle insère encore un disque des Who (who's next) dans le lecteur. Elle commence à se dandiner, à hocher la tête. Ce n'est pas très violent, mais un peu le matin.
    Il ne dira rien. Rock n' roll for ever. Ne plus être sensible. Paraître fort. Ne pas y penser. Elle parle encore de Keith Moon. Il est beau. Il joue bien de la batterie. Il faut qu'il écoute les relances et les roulements. Il ne dira rien. Rock n' roll for ever. Ne plus être sensible. Paraitre fort. Ne plus y penser.

    Wish you were here. Mais elle est ailleurs.
    Il ne parle pas beaucoup.
    Parce qu’avec elle les silences ne sont gênant.
    Parce qu’il ne peut pas tout dire.
    Parce qu’il ne veut pas en parler.

    [...]

    Il voulait l'emmener ailleurs. Loin de cette ville. Loin des ennemis. Loin des autres pensées. Juste un weekend en amoureux. Dans un petit hôtel, à se faire amener le petit déjeuner au lit. A ne rien faire. Juste pour elle. Faire une promenade sur le bords de la plage. Écrire son nom sur le sable. Et rentrer rapidement parce que l'orage guette...
    Elle préfère rester ici
    Alors il a dit: "tant pis".

    [...]

    Il pense déjà au soir.
    Lui faire l'amour.
    Frémir, vibrer, trembler. Sentir les frissons lui parcourir le dos. Décharge électrique qui remonte le long de sa colonne vertébrale. Sentir ses mains attraper ses fesses. Ses poils se dresser. La sueur couler le long de ses joues. Ne pas arriver à garder les yeux ouverts. Jouir. Rester en elle. La regarder. Se perdre dans ses yeux. Sourire. Bêtement. Sourire.
    Encore une fois, il sera incapable de parler. De décrire ses sentiments. De lui dire qu'il l'aime. De lui dire que c'est la première fois qu'il ressent ça. Et cetera
    Ses sourires parle peut être pour lui. Ses yeux hagards aussi.
    Elle approche sa bouche de son oreille. Ses lèvres se déserre pour chuchoter: "Je n'ai jamais désiré quelqu'un comme toi". Il ne veut pas écouter. "Tu es beau". Elle doit dire cela à chaque fois. "Je t'aime". Ne pas faire semblant d'attendre. Ne pas faire semblant d'être tendre. Ne pas faire semblant d'y croire. Ne pas faire semblant que le noir attire. Voir pire. Comment le dire: "En ce moment je transpire". L'écouter dormir. "Non rien, rendort toi". Il n'entends plus rien. Il profite de cet instant. Il contemple ses petites fossettes. Son regards descends le long de son cou, de ses épaules, il s'attarde un peu sur ses seins puis sur son nombril. Il aime le dessin que fait ses osciliaques sur le bas de son ventre. Il ne veut rien oublier. Il veut se rappeler. Garder avec lui ce souvenir et l'emporter. Son cœur a du s’arrêter de battre. Une seconde de gagner sur la vie. Petite mort.

    [...]

    Il aurait aimé peindre xxxx xx xxx xx xxx xxxxxxx.: "xx xx xxxx xxx xxxxx xxx xx xxxxx". Il ne peut plus mentir. Elle ne se trompe pas. Elle trop intelligente pour se tromper. TROMPE LE MONDE, mais pas elle. Et il ne trompe personne.

    [...]

    Ils entrent dans le supermarché. Il fait frais. La climatisation leur redonne quelques forces. Ils ont bien cru qu'ils n'arriverait jamais jusqu'à la porte automatique. La chaleur et la pollution suffocante appuie sur leurs poumons. L'air frais du rayon surgelé allège petit à petit ce poids écrasant. Ils errent, main dans la main, au milieu du pain de mie.
    Ils regardent les poulets emballer dans du cellophane. Il ne sait pas ce qu'ils vont manger ce soir. Il va chercher des petits pois et il est incapable de se souvenir de ce qu'il était venu chercher, une fois devant les étagères. Il regarde les produits défiler sur le tapis roulant. Il écoute la douce mélodie des codes barres. Il écoute la douce voix de la caissière. 33 euros 80 centimes. Ils sortent et retrouve l'odeur désagréable des pots d'échappements l'été et du bitume qui fond. Le sac en plastique ne lui coupe pas les doigts et ne lui tire pas sur le bras. Ils rentrent.

    [...]


    Il aimerait savoir où vont ses petits pieds. Dans quelles direction. Pas pour la suivre. Juste pour savoir. Il ne veut plus la croiser. Il s'est perdu. Il aurait du prendre une autre route. Marché 20 seconde sur le bords de l'autoroute. Marcher à gauche. Comme toujours. Approuver et regretter. Regarder la mort en face. Il veut la regarder avancer. Il aimerait savoir ce qu'elle fait.
    Lundi, il ne l'embêtera plus. Peut être qu'il l'embêtera encore pendant une semaine, ne pouvant s'empêcher de l'appeler, de lui écrire. Puis il cessera de l'appeler, de lui écrire. Puis il l'oubliera, comme il oublié les autres. Il lui rendra les quelques affaires qu'elle a oublié chez lui. 2 T. shirts, 1 paire de chaussettes. Il glissera tout ça dans un colis puis dans une boite au lettre. Il ne veut plus la voir. Il ne veut plus la croire.
    Amant. Elle trouvera surement mieux. Avant. Elle a connu surement mieux.

    [...]

    Ne plus être l'enfant sage.
    Ne plus exprimer sa rage. Contenir.
    Peut être de passage.

    [...]


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  • Ce matin. Je me suis réveillé. Je me suis dirigé vers la cuisine. J'ai lavé une tasse et une cuillère. J'ai mis de l'eau à bouillir. Du café dans le filtre à café. J'ai attendu quelques minutes. J'ai versé le café dans la tasse. Pas de sucre.
    Je me suis brûlé la langue. Sensation désagréable. Je me suis mordu la langue, en mangeant une tartine grillée, déjà tombé, cinq minutes avant, sur le côté confiture, naturellement. Je me suis coupé la langue avec les dents. Comme pour ne pas s'ouvrir les veines. Je n'ai pas réussi à te parler. Sans te faire de la peine. J'ai essayé.
    Je n'avais qu'un couteau à beurre et une paire de ciseau jaune pour enfant. Je ne veux pas avoir l'air ridicule, allongé dans mon bain. Incapable de se suicider. Je ne suis pas décidé. Comme à chaque fois que je veux dialoguer. S'engager. Avouer. Et peut être jurer. J'ai peur de ne pas y arriver.
    Je te déteste.
    Je pourrais dire bonjour. Mais je ne veux pas. J'ai pas envie que la journée se passe comme vous en avez envie. Je veux qu't'en chie. Je veux qu't'en chie, tous les jours comme j'en chie. Je veux qu'il pleure. Je veux qu'il tremble. Je veux qu'il tombe. Tout seul car j'ai pas envie de le pousser. Pourrais t il s'il vous plaît se casser la mâchoire. Je voudrais croire. Qu'il ne l'embrassera pas ce soir.
    Te regarder l'embrasser. Te regarder l'enlacer. Blasé. Toujours bien placé, mais mal classé à l'arrivée. J'y vais. Un jour je gagnerai. Je verrai bien où cela peut me mener. J'aurai bien aimé t'emmener. Mais tu préfères sûrement rester avec cet enculé.
    Il m'a volé. Il a juste dit: "désolé". Il s'est en allé, avec cette fille super bien gaulée. Je te déteste. Petite peste. Je voulais entendre: "cette nuit, tu restes ?" J'ai pris une veste. J'ai pas froid. Je rentre chez moi. J'ai pas besoin de toi. Peut-être un peu de mauvaise foi.
    "J'ai besoin d'un peu de temps pour réfléchir".
    Pas besoin de le dire. Tu aurais pu m'envoyer pourrir et ne pas mentir. Autant j'aurai pu le sentir, le voir venir. Cette histoire se détruire. Quand tu préférais dormir.

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  • Ils partent sur un cheval blanc. Ils longent la plage. Ils regardent la mer et le soleil qui se couche dessus. Ils trouvent ça beau. Ils regardent aussi les petites vagues qui s'écrasent sur le bord, emmenant quelques grains de sable avec elles. Ils trouvent cela rigolo. Alors ils rient. Ils sont idiots et ne s'en rendent pas compte. La nuit tombe. Il lui dit qu'elle est belle, qu'il a rarement rencontré quelqu'un comme elle. Il s'approche et lui parle à l'oreille. Il lui parle des étoiles et de la lune (surtout de la lune, car il ne connaît pas grand-chose aux étoiles). Il parle de Mars, qu'on ne voit jamais en cette saison et qui ce soir brille comme rarement. Enfin il se lance: « Je peux t'embrasser? ». Ils sont heureux. Ils cherchent des noms pour leurs enfants... juste pour rire. Erwan si c'est un garçon. Et puis, ils arrêtent de parler de la grande maison qu'ils auront au bord de l'océan, pour s'enlacer. Ils s'emballent langoureusement. Leurs langues s'entrelacent. Ils se plotent un peu. Ils baisent.

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  • Je voudrais avaler de l'essence. Et brûler de l'intérieur. Ne plus jouer avec la douleur. Sentir mon coeur se consumer, ne plus jouer avec la peur. Combustion totale ou partielle. Je la trouvais pourtant belle.
    « Regarde une dernière fois dans ma direction
    Dis-moi que je suis de trop
    Et je m'éloignerai vers l'horizon
    Je ne supporte plus de voir ton dos. »
    Loin de toute cette merde, qui détruit mes intestins et m'inflige trop de souffrance. Je veux dégueuler mes mots et je veux chier mes vers sur cette rue. Courir, fuir, m'échapper. Je n'arriverai pas à l'enfermer. Je disais : « Attraper, attraper, attraper. » Quand elle disait : « Regarde plutôt mon cul. »


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  • J'ai attrapé la mort.
    Elle est entrée chez moi. Elle a voulu me voler. Elle a voulu prendre mes souvenirs, mes sentiments. Le reste l'intéressait à peine. Mais je ne l'ai pas laissée faire. J'étais seul, mais je n'ai pas eu peur. J'ai pris mon filet à papillons et mon manche de pioche. Elle était en train de fourrer quelques cartes postales dans sa poche. Je suis arrivé derrière elle, comme un chasseur d'oiseau, sans un bruit. Si silencieux, que je pouvais entendre sa respiration. Elle avait de beaux cheveux. J'ai presque eu envie de la coiffer. J'ai presque eu envie de l'embrasser. J'ai presque eu envie de la serrer contre moi. Si la musique s'était mise en marche, je n'aurai pas pu refuser une danse. J'ai presque eu envie de succomber._Mais je ne suis pas tombé dans le piège. Trop simple, beaucoup trop facile. Qui est le plus fort?_Je lui ai fracassé la gueule. Je lui ai explosé la colonne vertébrale à coup de bâton. Méconnaissable. J'ai marché sur ses doigts, jusqu'à les écraser. Elle n'a pas pu rouvrir la main. Elle n'a pas pu rouvrir la bouche, après mes coups de pieds dans ses dents. J'ai gagné cette partie. Je ne l'ai pas regretté longtemps._J'ai attrapé la mort.

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