• Alors voilà ce qui se passe... quand on tente de reprendre le contrôle de l’Usine, treize ans après. 

    Les machines sont à l’arrêt. L’appareil ne fonctionne plus. La mécanique a vaincu. Les locaux ont été laissés à l’abandon. Site en construction. Les ouvriers, les salariés, les employés, les intérimaires, les stagiaires sont partis sans leurs primes.  Avant même que je les supprime. Les réformes sont en ma faveur. Je ne suis pas un homme sans cœur. Ils n’ont pas fait grève. Ils se sont assis sur leurs rêves. La société est en faillite. Il faut trouver une suite. Peut-être un peu à l’étroit. Ce projet c’est Dunkerque, Manchester ou Détroit.

    39 ans - Adolescent. C’est la crise. Presque les mêmes questions. Après avoir essayé de ne pas suivre comme un mouton. Je rentre dans le tas comme un bélier. Nous allons tout défoncer. Je suis rentré dans la boîte. J’avais 26. Exploité sans complexe. Un peu vexé. Perplexe. Je vais continuer. Cette entreprise... elle va cartonner.
    Bélier (Magazine Elle, le 13/03/2018) - AMOUR : En couple, vous avez envie de changer vos habitudes ! La routine vous pèse peut-être, alors n’hésitez pas à sortir, à changer votre planning, à changer de coiffure ! Votre partenaire ne devrait pas s’en plaindre, au contraire ! Placez le bien-être et le plaisir avant toute chose. Célibataires, vous serez nombreux à succomber aujourd’hui au coup de foudre. Cette passion a de grandes chances de se transformer en un amour durable, capable de résister à l’épreuve du temps. ARGENT : La journée sera favorable aux investissements. N’ayez pas peur de sortir votre carte bleue. SANTÉ : Prenez le temps de réfléchir sur vous-même, de méditer un peu. Ainsi vous préserverez votre énergie et vos forces.

    26 ans - Bel étudiant. Le monde ouvert devant soi. L’avenir étroit semble immense. Je tire une carte « CHANCE ». Rendez-vous rue de la Paix. Si vous passez par la case « Départ », prenez 20000 francs. J’ai du oublier. Je ne les ai pas pris, je n’étais pas là pour ça. Je n’en avais pas besoin. J’étais bien. Je pensais que l’amour et l’eau fraîche suffiraient. Je me trompais ? A treize ans, j’en aurais fait autant. Je voulais tout... tout de suite. Je voulais que les choses aillent vite.
    Perceuse-visseuse sans fil - GSR 18V-85 C Professional - 479,00 € - Prix de vente conseillé HT dans la limite des stocks disponibles. Sous réserve d’erreurs et de modifications. Vendue avec 2 batteries. Caractéristiques techniques : Couple max. : 85 / 47 Nm - Régime à vide (1ère vitesse / 2ème vitesse) : 0 – 480 / 0 – 2.100 tr/min - Plage de serrage du mandrin, min./max. : 1,5 / 13 mm - Filetage de la broche : 1/2" - Tension de la batterie : 18 V - Longueur : 198 mm - Hauteur : 255 mm - Type cellules : Lithium-ion - Diamètre de perçage : Ø de perçage dans le bois, max. 82 mm / Ø de perçage dans l’acier, maxi. : 13 mm

    13 ans - Encore enfant. Utilise tes illusions... Je les ai usées. Elles ressemblent à un objet usagé. Encore romantique. Je pensais qu’on aimait qu’une fois. Grunge, anarchiste, pathétique. 1 vaut mieux que 2 tu l’auras. Que le meilleur gagne ! Je voyais les choses en grand. Je pensais que les plus méritants arriveraient en premier. Comme dans les fables, la morale triomphe. Alors allons-y en force ! Allons-y à donf ! Je veux croquer encore un morceau, je veux me goinfrer.
    Ingrédients : Farine de blé - margarine [graisses et huiles végétales (palme, colza), eau, sel, émulsifiant : mono- et diglycerines d’acide gras, correcteur d’acidité : acide citrique, colorant : caroténoïdes] - sucre - dextrose - sel - poudre à lever : carbonates de sodium - arôme.

    Relançons la production.


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  • Il est arrivé à la supérette. Il est 13H00. Dimanche. Elle est toujours ouverte. De 9H00 à 22H00. 7 jour / 7.  C’est un peu plus cher qu’ailleurs. Mais tant pis. Elle est située à peine à 100 mètres de son appartement. Il peut presqu’y aller en pyjama. Il n’osera pas.
    Il est 13H00. Il n’avait pas envie de sortir. Il vient de se réveiller. Il n’a pas de café. Et son réfrigérateur, vidé, lui fait la gueule. Il se sent un peu seul, avec son électroménager. Même la machine à laver ne veut plus lui parler. Il n’a pas vraiment faim. Il faut qu’il anticipe. Il aura surement besoin de manger plus tard. Peut être ce soir.
    Il n’a pas encore pris sa douche. Il enfile juste un jean et un T-shirt. Une paire de basket. Il prend ses clés. Son porte-monnaie. Il laisse son téléphone en charge, posé sur l’étagère et se décide à sortir. Heureusement il fait beau. Heureusement, ça ira mieux après un café. Heureusement, il n’est pas trop tôt. Il s’estime heureux. Il ne s’est pas endormi tout habillé. Il a mal aux cheveux, mais il pourrait être plus fatigué. Il aurait pu aller s’allonger, au moment où les oiseaux commencent à chanter. Il a été raisonnable. Il ne fait pas insomnie. Incapable. Simplement, il ne dort pas. Simplement il ne se couche pas. Simplement il réfléchit trop quand il est dans son lit.

    Il sort de chez lui. Passe devant l’arrêt de tram Réformés – Canebière. L’église, la mairie du 1er, puis rentre dans le magasin. Il ère dans les rayons. Il ne sait pas ce qu’il cherche. Il ne sait pas ce dont il a besoin. Il ne sait pas ce dont il a envie. L’ambiance néon devient insupportable. Il se dépêche. Il faut faire vite. Simple. Basique. Aujourd’hui : Sandwich ! On verra demain. Un repas sain. Être fier de soi. Devenir un type bien.

    UTILE MARSEILLE
    GAMBETTA
    SARL AUREVAL
    55, ALLÉE GAMBETTA
    13001 MARSEILLE
    SIRET : 000 000 000 0000
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    TVA INTRA : FR 55 00 00 0000
    NAF : 4711C
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    LIBELLÉ  MONTANT
    A tomate ronde 0.61€
    A 1X 250g café moulu 2.49€
    A 1X 200g mimolette 2.19€
    A 1X 180g 4TR jambon 2.65€
    SOUS TOTAL 7.94€
    ---
    TOTAL 7.94€
    Carte --- 7.94€
    TVA HT TVA TTC
    5.50% 7.53 0.41 7.94

    Il s’arête à la boulangerie sur le retour. Il achète juste une baguette. Il rentre chez lui. Il a chaud. Son cœur s’accélère. Il a une angoisse. Il a pensé à elle. Il n’aurait pas du. Cela le rend malade. Son esprit tourne en boucle. Les souvenirs en mode random. Tout se mélange. Il n’a plus envie de rien. Il ferait mieux de se recoucher. Mais il n’en a pas envie. Il s’ennuie. Il n’a pas fini sa nuit. Il rit. C’est les nerfs. Il ferait tout pour lui plaire. Mais elle n’aime pas les hommes ordinaires. Qui se lève à midi, mal nourri, qui fuient le temps comme leurs 40 ans. Il n’est plus étudiant. Il a tendance à l’oublier. Peut-être qu’il le fait exprès. Il n’a plus 20 ans et se conduit comme tel. C’est parce qu’elle est belle. Il n’arrive pas à faire autrement. Il s’assoit dans la cuisine, après avoir mis de l’eau à bouillir. Il ouvre le paquet de café et regarde l’étiquette.

    FR Café torréfié et moulu
    Conditionné dans un emballage souple avec valve.
    Ingrédient : Café biologique 100% arabica
    Avant ouverture à conserver dans un endroit frais et sec. Après ouverture à consommer rapidement et mettre le café dans un récipient hermétique au bas du réfrigérateur.

    Poids net : 250g

    CONSEIL D’UTILISATION
    Utiliser une eau de préférence non calcaire. Mettre une cuillère à soupe par tasse dans le filtre préalablement humidifié. Verser lentement de l’eau frémissante mais non bouillante.

    Puis son regard se porte sur une photo Polaroïd, accrochée sur le mur. Elle est debout et porte une petite robe vichy vert amande. Elle a ses grosses lunettes de soleil carrées, par hasard assorties. Ils sont dans un camping. Elle est devant la tente qu’ils viennent de monter. Cela n’a pas été très compliqué. Merci Décathlon. Cette fois il n’est pas passé pour un con. A ce moment, il était heureux. Elle aussi, enfin surement… ils étaient 2.

    Puis il pense à Léon Gambetta. Il ne sait pas pourquoi.

    Léon Gambetta, né le 2 avril 1838 à Cahors et mort le 31 décembre 1882 à Sèvres, est un homme politique français républicain. Membre du Gouvernement de la Défense nationale en 1870, chef de l'opposition dans les années suivantes, il fut l'une des personnalités politiques les plus importantes des premières années de la Troisième République et joua un rôle clé dans la pérennité du régime républicain en France après la chute du Second Empire.
    Il a été président de la Chambre des députés (1879-1881), puis président du Conseil et ministre des Affaires étrangères du 14 novembre 1881 au 30 janvier 1882.

    L’eau est chaude. Il attrape sa cafetière à piston Bodum. Il a l’impression d’attendre cette boisson depuis une éternité. Elle est arrivée. Il espère être sauvé. Le café est devenu pour lui une religion. Il espère être délivré. Il a maintenant l’impression d’être en forme. Pendant 15 minutes. Il pourrait avaler le monde. Puis l’euphorie retombe. Ses désirs de sport s’enterrent. Il est 15H00. Il est trop tard pour courir. Les excuses sont faciles, quand personne n’est là pour le contredire. Il peut mentir. Il arrive même à en sourire.
    Il regarde son téléphone. Il veut savoir si elle a laissé un message. Si elle n’a pas essayé d’appeler pendant sa courte absence. Si elle n’a pas envoyé de sms… Il connait la réponse mais il regarde quand même. Rien. Il s’en doutait. Pourquoi elle appellerait ? Il voudrait avoir de ses nouvelles. Savoir comment elle va. Il sait pourtant qu’il ne faut pas. Alors il se retiendra. Au mois cette fois.

    Il va plutôt regarder un film. Ou une série.
    Depuis qu’il est inscrit sur Netflix, comme un célibataire, une saison ne dure que 2 jours. Vivement l’hiver.
    Puis il retournera dans sa chambre, retrouver son lit, quelques heures plus tard. Vivement lundi.


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  • Un homme encore amoureux. Alors qu'il n'y a plus rien. De l'amitié, un peu de tendresse, au mieux. Pas grand chose de plus, de bien. Pourtant il l'aime encore. Il aime encore ce corps. Il n'y a pas grand chose à comprendre. Pour l'instant, le temps ne fait pas son travail. Il attend, pourtant, il faudrait qu'il s'en aille. Il ne choisit pas ces sentiments. Même si la réflexion, la simplicité et le pragmatisme, lui disent le contraire. Il voudrait aller de l'avant. Mais il pense à elle tout le temps. Le matin, l'après-midi, le soir, l'été, le printemps, l'hiver. Il ne sait plus ce qu'il doit faire. Il a honte. Il a honte de l'aimer toujours. De croire qu'il a encore sa place dans son univers, de croire que son amour est plus fort que le reste et nique sa race !
    Elle n'a qu'un mot à dire. Il pardonne tout. Il attend juste qu'elle prononce sans le trahir, les paroles qu'elle ne dira jamais. Même saoul. Il sait bien qu'elle ne les prononcera pas. Il attend la fin. Elle le sauverait.
    Elle a tourné la page. Il sait. Mais pourquoi ce n’est pas comme au cinéma. Elle revient, sage. Il la hait. Sauf quand elle dit : "Je n'aime que toi".
    Il arrive encore à y croire. Même s'il ne ressemble pas à ces acteurs. Quand il la raccompagne le soir, il voudrait qu'elle lui dise : "Tu ne veux pas rester ?... Juste une heure ?" Tout serait plus facile. S'il n'attendait pas comme un débile. S'il pouvait tomber amoureux d'une autre. S'il pouvait s'en sortir seul. S'il n'avait besoin de personne. Mais le son de sa voix résonne. Dans ces rêves, dans une réalité qu'il s'est créée. Où tout va bien. Où elle revient.


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  •  

     

    J’aurais aimé écrire comme dans la chanson de Renaud

    Elle a mis sur le mur au dessus du berceau

    Une photo d’Arthur Rimbaud 

    Ça ressemble plutôt à une chanson pour Pierrot

    Ça s’est passé autrement

    J’aurais tant idéalisé cet événement

    Ça s’est pas passé de cette manière

    Surement que j’ai été trop fier

    J’aurais aimé protégé ton ventre rond

    Je t’aurais trouvé belle, je me serais trouvé con

    J’aurais essayé de combler toutes tes envies

    Simplement pour te voir donner la vie

    Ça s’est pas passé comme ça

    Encore une fois

    J’ai peut-être trop attendu

    Je n’y ai sûrement pas assez cru, toi non plus

     

    Tu as avorté, je ne veux pas avoir de regret

    Je n’étais pas prêt

    Pour toi, ce n’était pas le bon moment

    On n’était peut-être pas fait pour être parent

    Je n’ai pas été présent, je m’en veux

    Je m’en rends compte maintenant, on aurait du être deux

    Je t’ai laissé seule, je m’en mords les doigts

    Je n’ai pas compris que tu avais besoin de moi

    Je n’ai pas compris que ce n’est pas anodin

    Comme la pilule du lendemain

    On ne reviendra pas en arrière

    Je ne serais peut-être jamais père

    J’aurais aimé une seconde chance

    J’aurais aimé donné du sens, construire le palais de l’enfance

    Un royaume pour les princes et les princesses

    Un monde de beauté et de tendresse,  je blesse

     

    Le temps a passé, j’ai changé, j’ai commencé à l’envisager

    Et c’est toi qui a commencé à douter

    J’ai eu peur, tu as eu peur, nous avons eu peur

    Comme effrayé par le bonheur

    Imaginer finir ses jours ensemble, petits vieux

    Je tremble avec l’idée d’être heureux

    Je ne suis pas rassuré

    C’est compliqué quand on a tout démonté

    J’arrive encore à imaginer la chambre du p’tit

    Le papier peint, les jouets, le tapis gris souris

    La photo pourrie de ce vendeur d’armes

    Le babyphone, la veilleuse, le signal d’alarme

    Prêt à bondir au moindre bruit, au moindre pleur

    J’aurais appris plein de chanson par cœur

    Maintenant c’est trop tard

    J’aurais du y croire, je pars

     

     

     

     


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  • Je voulais un enfant
    Même si la vie c’est pas du gâteau
    Même si la vie est une chienne
    Même si je ne sais pas ce que je laisse
    Je voulais y croire un instant
    Même si j’angoisse, même si c’est pas toujours rigolo
    Je t’aurais dit : « Vas y molo, freine ! »
    « Fais attention, je ne veux pas que tu te blesse »
    J’aurais essayé d’être un bon père
    Même si je ne crois pas en l’avenir
    J’aurais essayé de te raconter des histoires
    Où les princes et les princesses vivent heureux
    Je t’aurais dit : « Tu peux être fier(e) »
    J’aurais été fier, j'aurais tout fait  pour te soutenir
    Je t’aurais menti et j’aurais essayé d’y croire
    Je t’aurais protégé, même quand il pleut

    Je t’aurais regardé grandir, je t’aurais regardé marcher
    J’aurais bu tes premiers mots même si c’était « Maman »
    Comme si c’était mon sang, comme si c’était du vin
    Je me serais réveillé la nuit, au moindre de tes caprices
    Je t’aurais nourri, je t’aurais torché
    Je t’aurais pris dans mes bras en dansant
    J’aurais tout fait juste pour que tu sois bien
    Que tu sois ma fille ou que tu sois mon fils
    On aurait fait une superbe famille
    Comme on en voit sur les boîtes de céréales
    On aurait été beaux tous les trois
    On aurait joué, on aurait appris, on aurait grandis
    On aurait vécu à la campagne ou en ville
    Je vous aurais protégé du mal et des mâles
    J’aurais arrêté de fumer et de boire, pour vous, pour toi
    Je voulais un petit

    Je voulais un garçon ou une fille
    J’en ai rien à foutre
    Je peux jouer aux Barbie ou aux Big Jim
    Pas de préférence pour le prénom, je suis ouvert à toute proposition
    Comme une lueur dans mes yeux brille
    Quand tu disais : « Je ne suis pas une loutre »
    Comme un sourire figé sur mon visage de con
    A chaque fois que tu t’exprimes
    J’aurais été là quand tu pleures, j’aurais été là quand tu ris
    J’aurais été aux réunions de parents d’élèves
    J’aurais été voir tes spectacles de danse ou tes compétition de basket
    J’aurais été aux p’tits soins
    J’aurais été là pour les moments de bonheur, j’aurais été là pour les soucis
    J’aurais tout fait pour que tu réalises tes rêves
    A l’adolescence j’aurais été là pour gâcher la fête
    Pour t’engueuler pour ton premier joint

    J’aurais écouté tes histoires de cœur
    J’aurais essayé de te consoler
    J’aurais trouvé plein de conneries à dire
    Comme : « Tu vaux mieux que ça, il (elle) ne te mérite pas »
    J’aurais fait peur à tes âmes sœur
    « Tu rentres à quelle heure ? Appelles moi quand tu es arrivé »
    « N’essaye pas de me mentir »
    « Les bêtises je les ai faîtes avant toi ! »
    Je t'aurais appris tout ce que je sais sur la vie
    Que même si la vie est une chienne, elle est mieux que le Rien.
    Qu'il ne faut rien attendre de plus que ce qu'elle  est capable d'apporter
    J'aurais tout fait pour éviter de crever avant tes trente ans
    Je t'aurais dit que le paradis n'existe pas, qu'il est ici
    Qu'il ne faut pas tendre l'autre joue mais balancer un coup de poing
    Je ne sais pas si j'étais prêt, j'aurais essayé, je crois que j'aurais tout tenté
    Je voulais un enfant 


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