• J'ai attrapé la mort.
    Elle est entrée chez moi. Elle a voulu me voler. Elle a voulu prendre mes souvenirs, mes sentiments. Le reste l'intéressait à peine. Mais je ne l'ai pas laissée faire. J'étais seul, mais je n'ai pas eu peur. J'ai pris mon filet à papillons et mon manche de pioche. Elle était en train de fourrer quelques cartes postales dans sa poche. Je suis arrivé derrière elle, comme un chasseur d'oiseau, sans un bruit. Si silencieux, que je pouvais entendre sa respiration. Elle avait de beaux cheveux. J'ai presque eu envie de la coiffer. J'ai presque eu envie de l'embrasser. J'ai presque eu envie de la serrer contre moi. Si la musique s'était mise en marche, je n'aurai pas pu refuser une danse. J'ai presque eu envie de succomber._Mais je ne suis pas tombé dans le piège. Trop simple, beaucoup trop facile. Qui est le plus fort?_Je lui ai fracassé la gueule. Je lui ai explosé la colonne vertébrale à coup de bâton. Méconnaissable. J'ai marché sur ses doigts, jusqu'à les écraser. Elle n'a pas pu rouvrir la main. Elle n'a pas pu rouvrir la bouche, après mes coups de pieds dans ses dents. J'ai gagné cette partie. Je ne l'ai pas regretté longtemps._J'ai attrapé la mort.

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  • Il se lève. Il a mal au crâne et le goût d'un poussin mort dans la bouche. Il se gratte la tête et se dirige vers la cuisine. Le bruit du café qui passe et celui du frigo résonnent à l'intérieur de lui, insupportable. Il attrape une tasse en tremblant et s'assoie. Il essaye de se rappeler ce qu'il a fait hier. Le début lui revient facilement.
    Il la regarde partir, et après plus rien.
    Il regarde son reflet dans sa tasse de café. Il a vraiment une sale gueule. Il boit. Il a mal au ventre. Ses intestins sont serrés. Il peut presque entendre le liquide tomber dans son estomac. Dans un écho sans fin. Une bonne douche, qui ne l'a réveillée que quatre minutes,
    Trois jours qu'il n'était pas sorti, essayant d'écrire un roman. N'étant pas arrivé à écrire une seule ligne, il avait invité quelques amis pour un apéritif, qui s'était finalement terminé à deux heures du mat', tout habillé, sur le canapé, les yeux fermés et les derniers invités éteignant la lumière et fermant la porte, en partant de l'appartement, lui souhaitant une bonne nuit. Il regarde le chantier autour de lui et il lui manque un élan de motivation pour ranger.
    Pourquoi part-t'elle si tôt ?_Peut-être qu'il aurait trouvé les mots pour lui faire sa confession. Pour lui dire que rien a changé. Qu'elle envahit toujours ses nuits avec ses regards qu'il ne peut pas occulter. Ses petits yeux noirs, qui volent la lumière de La Lune, à chaque fois que deux petites fossettes viennent se poser aux coins de ses lèvres. Quand elle lui sourit, il se casse en mille morceaux. Un château de cartes sur lequel elle a soufflé. Quand elle demande s'il va bien, il ne peut que répondre avec un sourire ahuri: «ouhais! ouhais! ça va bien!». Alors que, merde, ça va pas! Il ne l'a pas oublié. Il repense encore à sa peau blanche, à son parfum, à ses... Il est resté loin, honteux, à la regarder, muet, sans parole, un peu psychopathe, à garder les meilleures images pour lui._Il ne veut rien donner._Il veut tout garder pour lui._Il ne lui reste pas grand-chose._Quelques photos et beaucoup de souvenirs.
    Un an pourtant que cette histoire est finie. Il avait presque tout oublié. Elle revient comme un mauvais cauchemar. Comme une araignée au plafond, lâchant sa toile pour tomber sur les couvertures. Il remue ses membres frénétiquement pour l'éloigner. Sa phobie reste présente. _[ Comme un moustique dont il n'arrive pas à se débarrasser, obligé de rallumer la lumière, de se lever. Immobile au milieu de la chambre, les yeux à moitié ouverts, échangeant les rôles. Chasseur de ce suceur de sang, attendant de le repérer, à l'affût, le pantoufle comme arme, la haine comme moteur. Vainqueur de ce vampire, il contemple avec fierté, la vulgaire tâche sur le papier peint. ]_Elle est tout ce qu'il déteste. Il a trop pleuré pour souffrir encore une fois. Il était presque tranquille. Un an et un peu d'eau avait passé sous les ponts. Il a fallu qu'il la revoie, qu'il presse et essore son coeur de tout son jus. Il voudrait baigner dans cette hémoglobine. Et se noyer.
    Elle est arrivée, resplendissante. Il l'a accueillie, lui a fait une bise et il s'est dirigé vers le bar. Il l'a observée du coin de l'oeil toute la soirée. Il avait pourtant préparé ce discours. Des phrases qu'il connait parfaitement, tant il les a répétées, pendant un an, tous les soirs, avant de s'endormir. Perfectionnant chaque syllabe. Il ne lui a pas parlé depuis le jour fatidique de novembre où elle l'a plaqué. Le jour où il n'a rien dit. Il a fermé sa gueule, un an plus tard il continue. Avec ces idées noires comme du café, son roman n'a pas commencé. La vue du salon en ruine ne le réconforte pas beaucoup. Il s'assoie devant le moniteur. Les dix doigts sur le clavier, même s'il sait qu'il n'en utilisera que deux, il ne veut pas prendre le départ avec la moindre incertitude. Il veut partir gagnant._Raconter toujours la même chose._Ne pas avancer._Rester sur place, rester sur la même case._En prison! Regarder passer les autres joueurs, en simple visite._S'enfermer tout seul. Il n'a besoin de personne. Attendre le double six. Combien de temps quand on a pas de chance ? La chance et le courage lui font défaut. Il préfère la fuite. _Il préfère oublier._Il préfère essayer d'oublier._Une plaie si profonde ne se referme jamais. Comme son arcade sourcilière ouverte, dans la cour de l'école, alors qu'il avait quatorze ans. Il entend encore les rires de ses amis, dans le noir que lui donnait à voir son évanouissement. Comme Edouard embrassant cette fille, l'après-midi où il allait ouvrir son coeur et sa bouche, avouer son amour, dans la cour de l'école, alors qu'il avait quatorze ans. Il entend encore les rires de cet ami, quand il l'a plaqué trois jours après._Ce soir-là, il a pleuré._Mais ce soir ses yeux sont secs.«Je manque de vocabulaire. Je raconte toujours la même histoire, car mon histoire ne change pas. Si ma vie prenait un autre tournant, peut être que mes récits deviendraient intéressants. Tant que je ne ferai pas avancer mon putain de p'tit ch'val. Tant que je resterai sur cette putain de même case. Je ne risque pas de gagner la partie.»La nuit tombe, il en est au stade de la page blanche. La nuit tombe vite en décembre. Il regarde son ordinateur allumé, le logiciel Word ouvert et le blanc. Il peut lire une phrase, en gros caractère : JE N'ARRIVE PAS A ECRIRE. Il efface. Il se laisse absorber par l'écran. Il rêve un peu. Il y a tellement de merde dans son coeur, qu'il devrait réussir à écrire quelque chose. Ses sentiments regorgent de matière fécale. Il déborde de purée grise. Gris comme le ciel de Paris en automne, et toute l'année aussi. Rien, pas une phrase, pas un mot, pas une lettre d'où pourrait découler un texte sans prétention, une base, un point de départ...

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  • C'est l'hiver, il fait froid. Il est seul, assis sur un banc. Il neige. Paris est blanc. Le ciel est blanc, les toits sont blancs, les gens sont blancs. Ce décor manque un peu de couleur, mais il trouve ça tout de même joli. Cela lui met un peu de chaleur dans la tête. Les rues sont blanches... c'est le printemps. Il n'y a pas de nuage aujourd'hui. Il fait beau. Ils sont deux, allongés dans l'herbe. Le bleu au-dessus d'eux, le vert en dessous. Ils ne se tiennent pas la main, ils ne se regardent pas.Ils se redressent et observent la multitude de jeunes couples heureux, et se rappellent... que l'histoire prend place en janvier, ou en mai, et que ce n'est pas très important. C'est l'automne ou n'importe quelle autre saison, il se sent seul. Il pourrait être dans la capitale, ou dans n'importe quel autre endroit. Connaître le lieu est inutile. Cela ne change rien à la vie des personnages. Il regarde autour de lui, il n'y a rien ni personne. Le paysage qui l'entoure est assez triste, pourtant il baigne dans des couleurs chaudes et rassurantes. Il déteste les petits-déjeuners où il n'a que ses croissants avec qui discuter. Il n'a pas froid, mais il ne se sent pas bien, comme s'il allait tomber malade dans peu de temps. Il ferme la fenêtre, et personne n'est là pour prendre soin de lui. Elle se lève. Elle est belle. Il l'aime. Elle s'approche de lui et l'embrasse. Le café est prêt. Elle s'asseoit et se sert une tasse. Les yeux dans le vide, elle est déjà trop loin. Il la regarde et cela suffit à son bonheur. Il voudrait lui parler, mais il n'y arrive pas, alors il se contente de la regarder. Il ne voudrait pas l'ennuyer avec ses petits tracas. Il est levé depuis deux heures, il a eu le temps de réfléchir. Ses idées sont plutôt roses... ou grises. Il allume une cigarette et observe les formes que dessine la fumée en montant vers les étoiles. Il dépose un baiser dans son cou et se couche. Une fois de plus il s'endormira dans des draps froids, avec comme unique compagne la solitude.

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  • j'aurai aimé passer ce dimanche avec toi. dans tes bras. j'aurai aimé que tu ne le dise pas. j'aurai aimé ton odeur. dans mes draps. j'aurai aimé te regarder. partir comme ça. sans se poser la question pourquoi ? j'aurai aimé rester toute la journée. au lit. blotti. pour ne pas avoir froid. en serrant dans ma main tes p'tits doigts.

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  • Tous les enfants, grandissent. Ils savent très tôt qu'ils grandiront.
    Assis sur le rebords de la fenêtre, fermée. Je regarde les toits et les étoiles, à travers le rideau en voile. L'épaule me gratte. Comme de l'urticaire. Je remarque quelques petits boutons rouges sur le haut de mon bras. Démangé. Aller chercher quelques cachets, dans l'armoire à pharmacie. Ne rien trouvé parmi...
    Je voudrais te demander ce que je peux avaler, mais je ne veux pas te réveiller.
    J'ai pas envie que tu t'en aille.
    Assumer. Ne pas s'enflammer. Je l'ai laissé se consumer. Il n'y a pas de feu sans fumée. J'ai difficilement allumée. Je tremble trop pour emmener ma cigarette à ma bouche. Et tu ne veux pas que je te touche. De toute manière j'ai pas osé. J'ai préféré me poser. J'ai la nausée. J'ai besoin de m'allonger. Se remettre de ses émotions. Concentrer son attention, pour une meilleur compréhension. Un peu trop de tension pour moi. Je ne me bats pas. Même pour toi.
    Regarder les fleurs se faner.
    Affamé. J'ai faim. Et j'ai besoin de rien. Prendre sur soi. Garder la foi. 1X, 2X, 3X. Mais je veux pas... m'excuser. Usé de me défendre comme un accusé. Assommer. Besoin de sommeil. ( J'ai écouté toutes les merveilles contées. Ils ne fait pas meilleurs au soleil, je les ai comptées). Toujours pareil. Se réveiller. Essayer d'avoir une bonne tête. Comme un lendemain de fête. Un petit coup d'eau sur le visage, pour paraître plus sage. Comme une image. Surtout, je ne suis pas sur sur tout. J'ai des doutes et j'en ai rien à foutre.

    Je ne peut pas te mentir. Je préfère te voir sourire.
    Se noyer. Aboyer. Moi qui croyais que... Broyer du noir était salutaire. J'aurai mieux fait de me taire ou peut être en raconter une dernière. Tu as l'air blasé. Te faire rigoler. Regarde moi, je vais me brancher en triphasé. les doigts dans la prise. Une crise, comme a chaque fois que je te fait la bise. Les cheveux dressés, les yeux révulsés. Détendu comme un ulcère. J'ai du lui plaire. J'espère. Tant mieux. Je suis mal à l'aise pour deux.
    Je ne peut pas te mentir. Je préfère te voir sourire.
    Je veux croire que tout n'est pas morose. Que tu vois la vie en rose. L'écrire en vers et en prose. Je pose une dose sur la table pour me sentir acceptable. Une fable sans morale. Récitation. J'ai jamais été bon... à l'oral.
    Pourquoi tu fais la gueule ? Tu préfères peut être rester seul ?
    Te laisser t'envoler. Je me suis brûlé. Désolé pour les dommages causés. J'ai cassé. Tout ce qui m'avait déçu. Te courir après dans la rue. Regarder ton cul. Te rattraper, mais te suivre encore. Partir quand je dors. entendre la porte claquer. Sans me dire bonnesoirée. Tu ne t'es pas retournée. Tu sais peut être que je veux
    changer. Commencer à ranger. Quand j'ai choisi de parler. Sans, j'ai rien à gagner... et rien à perdre, plus qu'à aller me faire... J'attends un moment. Ma fée m'a laissé quand j'avais quinze ans. J'ai pas besoin de maman je suis grand. Et je ne suis pas Peter Pan. Seulement j'attends
    Se prendre en main. pas demain. Et maintenant. Je ne vais pas tombé. Comme A + B. Bercé trop près du mur. Le ciment est dur. Comme les soirs de biture. Sûrement fêlé, je préfère les mots: légèrement paranoïaque à tendance dépressive. Quand j'ai besoin d'affectivité. Quand j'ai pas envie de baiser. Je les fais flipper. J'ai du me tromper. Retard à rattraper. Pourtant j'ai travaillé. Comme stoppé en plein vol. Je trouvais ça drôle, mais pas elle. Une balle dans l'aile. Je veux continuer. Elle ne m'a pas encore tué. Malgré ce qu'elle a insinué. Son discours ne s'est pas atténué. Mais j'ai tenu. Elle est venu. Elle a vu. Et j'ai perdu. Mauvais
    joueur. J'ai du commettre une erreur. Attendre la fin de l'heure et les résultats. J'ai pas réussi le test. Je la déteste. Même quand je dis: «s'il te plaît reste». J'ai simulé, il faut faire annulé la partie. Cause trop de pluie. Match pourri. Question à choix multiple. Viser la cible ou à coté. Trop de possibilités. Elle manque d'habileté et de stabilité. Comment trouver la réponse. Sans trop réfléchir. Lire les petites annonces ou préférer vomir.


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